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Arcachon est un village d’opéra-comique : un débarcadère rouge, jaune et vert, avec des toits retroussés en pavillon chinois, une lieue de plage couverte de trois rangées de cottages, chalets peints bordés de balcons, pavillons pointus, tourelles gothiques, toits ouvragés en bois colorié. Sur les collines de sable, à l’arrière-garde, entre les pins, sont des chalets plus riches. Quantité étonnante de restaurants, chevaux, boutiques, tout cela neuf et verni ; cela ressemble à une fête d’Asnières en permanence. Le mètre de terrain sur la côte se paye 15 francs ; il y a vingt ans, on aurait eu la moitié de la côte pour 2 000 francs.

Promenade dans le bateau à vapeur qui traverse toute la baie et va jusqu’au Goulet. On oublie bien vite la fourmilière humaine pour ne penser qu’à l’eau, au sable et au ciel. À droite et à gauche, bien loin, parfois à perte de vue, presque au bord de l’horizon, s’allongent et ondulent les collines de sable, molles et monotones, telles que le vent et les flots les ont faites. Elles croulent éternellement ; aux endroits abrités, il faut des branchages de sapin et des