Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fants avec soi, cela entretient en eux les sentiments de famille. » Tous les jours il va au café après déjeuner. Il a mis son uniforme, ses épaulettes neuves, sa croix ; il a des pieds d’éléphant et une bonhomie, une rectitude de bon sens touchantes.

Il est curieux de voir les Strasbourgeois discutant en allemand au café. Chacun parle à son tour aussi longuement qu’il lui plaît ; personne n’interrompt : on attend qu’il ait fini. — Des Parisiens s’interrompraient vingt fois ; chez nous, la réplique, la contradiction font explosion : voyez nos entretiens chez Magny ou au journal. — Une telle disposition prépare les gens aux assemblées politiques et à la vie constitutionnelle. Philarète Chasles dit que les émigrants allemands y entrent tout naturellement et parfaitement aux États-Unis.