Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Beaucoup de choses infiniment gracieuses et d’une saveur franche. Le ciel est d’une pureté parfaite et l’air est froid. La plus belle et la plus saine clarté s’abat le matin sur les toits de vieilles tuiles plates ; ces hauts toits font une saillie vive dans l’azur immaculé. On ferait vingt tableaux dans les rues. — À la Faculté, par exemple, je sortais souvent de l’examen pour aller voir le toit, d’un si beau brun dans le jeune azur. Les vignes, les volubilis encadrent le portail et pendent en chevelures le long des solides pierres rougeâtres. Au bout de la rue, dans une brume lumineuse nage la montagne, et le ciel pose sur elle par une frange blanche.

Besançon est une vieille ville, pleine de débris espagnols du XVIe et du XVIIe siècle. Presque tous les bâtiments y sont en grosses pierres et quartiers de roches, assis fortement les uns sur les autres. Cette solidité et cette durée, à côté de nos improvisations parisiennes, au sortir des manufactures lyonnaises, fait le plus vif plaisir.

Palais du cardinal Granvelle : c’est une mai-