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causes de notre tempérament et de notre caractère.

Vers Nîmes, les oliviers commencent. Campagne sèche et blanchâtre. Les oliviers par rangées la couvrent de leur feuillage terne et pâle ; et leur taille courte, bossue, leur air rabougri attristent.

On redescend ; la vraie Provence apparaît : la Crau d’abord, énorme plaine stérile, couverte de pierres, puis les montagnes concassées, bosselées, nues ou mal revêtues de plaques éparses d’un vert noirâtre, broussailles de pins rabougris, de bruyères, de lichens ; elles-mêmes brûlées par l’âpre soleil, sans une source ni un filet d’eau, montrant à nu les tas de pierres rondes, blanches, collées ensemble, qui font leur substance. Pas d’arbres, sauf dans les creux, sur les pentes un peu douces, les rangées souffreteuses d’amandiers et d’oliviers. Cela produit pourtant et malgré les chances de gelée. Un hectare moyen d’oliviers vaut cinq mille francs.

Enfin, voici l’étang de Berre ; une vraie mer intérieure. Il a je ne sais combien de lieues, on le voit pendant plus d’une demi-heure sur la droite. — Je parlerais toujours de cette admirable nappe bleue