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à se montrer par bandes ; à l’horizon, les belles montagnes dans les lointains violets ; tout à l’entour, les plantes infécondes, filles de la mer et du sable ; la mer elle-même, au fond à droite comme un gros sillon de velours pâle. Puis les vignes ; elles avancent jusqu’au bord de la mer ; quel beau et bon pays, cultivé, fructueux jusqu’à l’endroit où arrivent les vagues. — Ces grandes plaines sont d’une verdeur admirable ; il n’y a que la vigne qui puisse végéter si riche et si jeune sous ce soleil. Les grappes noires pendent ; les vignerons, avec leurs cuves ambulantes, sont plongés jusqu’à mi-corps dans la verdure.

On monte à travers Frontignan, Lunel, jusqu’à Montpellier. — La plaine est un vrai jardin, vignobles coupés d’amandiers, de pêchers, et, çà et là, des maisons de campagne proprettes. — Que de vignes en France ! Nul pays n’en a une telle proportion et de si fines. On a essayé de transporter des centaines de nos vignerons avec des plants français dans la Russie méridionale : on n’a pu reproduire ce bouquet. — Le pain et le vin chez nous ; en Angleterre, le lait et la viande. — Certainement la vigne entre pour moitié dans les