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Ces maisons ont une terrasse sur le devant, avec des verdures, des vignes, des glycines pendantes ; les chevelures vertes montent parfois jusqu’au premier étage. Il y a des figures, des corps en mouvement au-dessus des portes, dans les coins ; les façades sont peuplées ; rien de plat, aucune philosophie allégorique et pédante comme aujourd’hui. — Les gens de la Renaissance aimaient à voir des êtres bien portants et vivants ; ils se réjouissaient de la vie.

B… nous conduit chez lui et nous montre son musée. — Beaucoup de goût, bien des choses rares : collection des poids du Midi, de colliers et ornements de l’époque gallo-romaine, d’ambres de toutes espèces, etc… Il aime passionnément l’art des XIIe et XIIIe siècles. Il nous avait fait voir au musée de superbes abbés courbés sur leur tombe : têtes et vêtements d’une simplicité grandiose. Il nous montre chez lui une Vierge, paysanne à grosse figure vulgaire, mais vierge, avec des bras trop grêles et des vêtements gracieusement plissés ; puis un ivoire du XIe siècle — un Christ au centre avec tous les saints personnages à droite et à gauche, hiéra-