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pour un juste salaire. Vous atteignez à présent, s’il en faut croire vos affiches, la trente-quatrième année, point culminant de la vie humaine ; vous avez, pour parler comme une danseuse de mes amies, « l’aze dou bon Diou ».

Eh bien, souffrez qu’on vous le die, vous manquez, dans cet instant climatérique, de mesure et d’intuition. Est-ce votre gloire pendant l’affaire Zola qui vous grise de la sorte, les poignées de mains de l’État Major ou bien l’odeur exhalée par le dernier chicot de « l’Homme Libre » ? Toujours est-il que vous déviez quelque peu de cette conduite miraculeuse qui fit de vous un estafier si magistral. Quelle tarentule vous a mordu que vous affrontiez ainsi les pugilats électoraux et quittiez votre bain de beurre pour les gravats de la terre ferme ? L’ovation que vous ont faite, dimanche, les électeurs montmartrois aura, sans doute, éclairé votre esprit et dessillé vos yeux.

Vous comprendrez combien dangereuse l’illusion qui vous tient de ne distinguer pas les fonctions d’avec les filles publiques, de se croire idoine aux unes parce que l’on a séché le bas des autres. Donc, revenez à vos chères études que ne déséquilibre aucune préoccupation d’intellectualité ; car vous n’êtes pas de ceux qui perdent leur