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A TRAVERS LES GROUINS

sur l’humaine pensée ; nous truciderons les innocents. Tu seras le fils du Sabaoth, mon inspirateur et mon esclave. Salut à toi, Dieu profitable, Dieu des faussaires et des armées !

— Moi, Seigneur, dit Gaspard, découvrant à demi un vase d’or précieusement chargé de baroques ciselures, je n’offre pas grand’chose à Votre Majesté. C’est la myrrhe des funérailles, gardée en une coupe d’or, comme ces larmes brillantes que la fille incestueuse épandit sur Gingras. Je vous ai rencontré dans les fables de mon pays, lorsque, au lieu du nom que, plus tard, égayera le vaudeville, je portais celui de Gatha-Spaça, le pénétrant, et qu’un rayon d’Indra éclairait mon génie. Vous êtes venu tard après l’Inde fabuleuse et la Perse héroïque et les amphyctionies d’Hellas. La beauté des Dieux s’est retirée du monde : mais, pour inoculer aux âges postérieurs ce que leurs prêtres ont d’avarice et d’inhumaine turpitude, nul ne remportera sur votre règne.

Mes descendants, épris de connaître et de penser, auront, en vous, leur plus cruel ennemi. Par le poison, par le bûcher, par le mensonge, vous étoufferez de votre mieux l’intelligence humaine et, sacrilèges thuriféraires, les be-