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tre, le bœuf et l’âne rivalisaient de distinction. En effet, pour éviter les cacades inhérentes à ces quadrupèdes, l’on avait substitué, au ruminant, M. Mézières, au solipède, Jean Rameau. Député juif, larbin antisémite de l’État-Major, Mézières somnolait à plat ventre, mâchonnant de confuses onomatopées. Son mufle, par une combinaison gracieuse, rappelait à la fois le P. Dulac au museau de fouine, le P. Didon à la tête de veau. Pour Jean Labegthe, il hennissait, renâclait, pétaradait, connaissant que la Prose de l’Âne fut spécialement harmonisée pour lui.

Ce Rameau peu ordinaire,
Clopinant tout de guingois,
Réconforte le Gaulois,
De sa vigueur asinaire.

Eh ! sire Rameau, chantez,
Car belles bouches avez,
Aurez de la paille assez
Et des orges a planté. Hi han !

Les pasteurs du voisinage, accourus en foule, contribuaient par maintes viandes hétéroclites au réveillon de Bethléem : grives, dindes aux marrons, poitrines de vieilles dames,