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XLII


Ô Folie, superbe ivrognesse, quand, d’un coup de pied tu ouvres ta porte et badines devant le public ;

quand tu vides ton sac en une nuit et fais la nique à la prudence ;

quand, sans rime ni raison, tu marches dans d’étranges sentiers et joues avec des babioles ;

quand, naviguant au milieu des orages, tu casses en deux ton gouvernail ;

… alors, je te suis, ma camarade, je m’enivre avec toi et je me donne au diable.

J’ai perdu mes jours et mes nuits dans la compagnie de sages et honnêtes voisins.

Beaucoup de savoir a grisonné mes cheveux et beaucoup de veilles ont obscurci mon regard.

Pendant des années j’ai recueilli et