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XXXVIII


Mon amour, il fut un temps où ton poëte s’était lancé dans la composition d’un grand poëme épique.

Hélas ! Je ne fus pas assez prudent : Mon poëme heurta tes chevilles harmonieuses et y trouva sa perte.

Il se brisa en morceaux de chansons qui s’éparpillèrent à tes pieds.

Toute ma cargaison de vieilles histoires de guerre devint le jouet des vagues railleuses et, trempée de larmes, sombra.

Mon amour, transforme pour moi cette perte en un bien.

Si mes droits à une gloire éternelle après la mort sont anéantis, rends-moi immortel tandis que je vis.

Et je ne me lamenterai pas sur ma perte, ni ne te blâmerai.