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XXXII


Dis-moi si tout cela est vrai, mon bien-aimé, dis-moi si cela est vrai.

Quand brille l’éclair de mes yeux, de sombres nuages orageux s’amassent-ils dans ton cœur ?

Est-il vrai que mes lèvres te soient douces comme l’épanouissement de ton premier amour ?

La souvenance des mois évanouis de Mai languit-elle dans mes veines ?

La terre comme une harpe, frissonne-t-elle de chansons au toucher de mes pieds ?

Est-il vrai, qu’à ma vue les gouttes de rosée tombent des yeux de la nuit et que la lumière du matin est heureuse de m’envelopper ?

Est-il vrai, est-il vrai que, solitaire, ton amour m’a cherchée à travers les siècles et les mondes ?