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Au matin, la cloche sonne dans le temple.

Ils viennent avec des paniers dans leurs mains.

Leurs pieds sont rougis. La première lueur de l’aube éclaire leur visage.

Les chasser je ne puis ; je les appelle et je leur dis : « Venez dans mon jardin pour y cueillir des fleurs. Venez. »

À midi le gong résonne à la grille du palais.

Je ne sais pourquoi ils quittent leur travail et s’attardent près de ma haie.

Les fleurs dans leurs cheveux sont pâles et fanées ; les notes de leurs flûtes sont languissantes.

Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dis : « L’ombre est fraîche sous mes arbres. Venez, amis. »

La nuit les grillons chantent dans les bois.

Qui vient lentement vers ma porte, y frapper doucement ?

Je vois vaguement le visage… Aucun mot n’est prononcé.