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IV


Hélas ! Pourquoi ont-ils bâti ma maison au bord de la route qui mène à la cité ?

Ils amarrent leurs bateaux tout chargés, près de mes arbres.

Ils vont et viennent et errent à leur guise.

Je m’assieds et je les surveille ; mes heures se consument.

Je ne puis les chasser. Et ainsi passent mes jours.

Nuit et jour leurs pas résonnent à ma porte.

En vain je leur crie : « Je ne vous connais pas. »

Je touche les uns, je sens l’odeur des autres ; j’ai ceux-ci dans le sang de mes veines et ceux-là hantent mes rêves.

Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dis : « Que ceux qui le voudront, viennent dans ma maison. Oui, qu’ils viennent. »