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vinrent chercher de l’eau à la source, près des grands « Deodora », elles trouvèrent ouvertes les portes de sa hutte, mais sa voix ne s’y faisait plus entendre… et où était son souriant visage ?… La cruche vide gisait sur le plancher et, dans un coin, la lampe s’était consumée. Personne ne sut où elle s’était enfuie avant l’aube. — L’étranger aussi avait disparu.

Au mois de mai, le soleil devint ardent et la neige se fondit ; nous nous assîmes près de la source et nous pleurâmes. Nous nous demandions : Y a-t-il, dans le pays où elle est allée, une source où elle puisse trouver l’eau en ces jours chauds et altérés ? Et nous pensions avec effroi : Y a-t-il même un pays au-delà de ces collines où nous vivons ?

C’était une nuit d’été ; la brise du sud soufflait et j’étais assis dans sa chambre abandonnée, où était demeurée la lampe éteinte, quand, soudain, devant mes yeux, les collines s’écartèrent comme des rideaux