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LXXXIII


Elle demeurait au flanc de la colline, au bord d’un champ de maïs, près de la source qui s’épanche en riants ruisseaux, à travers l’ombre solennelle des vieux arbres. Les femmes venaient là pour remplir leurs cruches ; là les voyageurs aimaient à s’asseoir et à causer. Là, chaque jour, elle travaillait et rêvait, au bruit du courant bouillonnant.

Un soir, un étranger descendit d’un pic perdu dans les nuages ; les boucles de ses cheveux étaient emmêlées comme de lourds serpents. Étonnés, nous lui demandâmes : « qui es-tu ? » Sans répondre, il s’assit près du ruisseau jaseur et, silencieusement regarda la hutte où elle demeurait. Nous eûmes peur et nous revînmes de nuit à la maison.

Le lendemain matin, quand les femmes