Page:Tagore - Le Jardinier d’amour, 1920.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LXXX


D’un regard de vos yeux, belle femme, vous pourriez piller le trésor des chants jaillis de la harpe des poëtes.

Mais vous n’avez pas d’oreille pour leurs louanges ; c’est pourquoi je viens vous louer.

Vous pourriez tenir humiliées à vos pieds les têtes les plus fières du monde.

Mais, parmi vos adorateurs, les ignorés de la gloire sont vos préférés ; c’est pourquoi je vous adore.

La perfection de vos bras ajouterait à la splendeur royale, si vous y touchiez.

Mais vous les employez à épousseter et à tenir propre votre humble demeure ; c’est pourquoi je suis rempli de respect pour vous.