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leurs conquêtes, elles assistaient aux combats, elles apportaient des vivres et des exhortations au fort de la mêlée, elles pansaient les blessés, et, comme dit Tacite, elles savaient toujours souffrir et oser.

Le beau sexe ignore sans doute que c’est à des sauvages qui, semblables à des bêtes féroces, faisaient retentir les échos de leurs cris, se barbouillaient de noir et de rouge pour prendre un aspect infernal, qu’il doit cette puissance si habilement maintenue, ces adorations, ces privilèges ; enfin, c’est aux usages transmis par ces Barbares que Catherine dut le trône des czars, et Élisabeth celui de la Grande-Bretagne.

Tacite ne parle qu’une seule fois des pontifes germains, et déjà on voit toute leur influence s’établir avec les vainqueurs. Les prêtres les suivaient ; seuls ils avaient le droit de frapper, seuls ils avaient le droit d’emprisonner ; les rois, les chefs militaires, n’avaient de pouvoir que celui que leur donnait leur courage ou leur éloquence. Aussi voit-on, dès l’origine de la monarchie française, des évêques parler en maîtres dans les conseils de nos rois.

Leurs rois étaient presque toujours pris dans les familles nobles, suivant l’ordre de primogéniture : chaque peuplade avait le sien. Grégoire de Tours dit qu’il y avait alors tant de rois en Europe, qu’il eût été difficile d’en savoir exactement le nombre. Les Germains étaient venus en conquérans, et avaient fondé une foule de petits royaumes en Italie, en Afrique, en Espagne, en France, en Angleterre. Ces faibles états, trop nombreux, ne pouvaient subsister ; des combats, le meurtre, le