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le langage et une crainte réciproque ne les séparaient pas moins des autres nations.

Les Romains, il est vrai, poussaient leurs légions et élevaient leurs forteresses jusqu’au delà du Rhin, mais leur domination y était mal affermie ; déjà Civilis avait détruit ce rempart artificiel entre les habitans des deux rives de ce fleuve, et peu après les Germains envahirent des provinces romaines entières, et y formèrent des établissemens ; mais on voit qu’en formant ces établissemens ils restaient toujours fidèles à la nature. Chaque peuple s’emparait d’autant de terrain qu’il lui en fallait pour son existence, et prenait les limites les plus favorables à sa défense. Les nouveaux états fondés par les Germains avaient, comme leur premier établissement, pour bornes, des chaînes de montagnes, des rivières et la différence du langage


César et Tacite ont été les panégyristes des Germains, et le caractère de cette nation, tel qu’ils nous l’ont dépeint, s’est conservé jusqu’à nos jours. Cependant les progrès de la civilisation ont dû nécessairement l’altérer. Du temps de César et de Tacite, les mœurs des habitans des bords du Rhin s’adoucissaient déjà : la religion chrétienne et l’influence du clergé de Rome effacèrent plus tard quelques-uns de ces traits marquans, et les remplacèrent par d’autres. Les cours des princes, le commerce des villes, ont aussi modifié en certaines parties les habitudes de la nation ; mais, à travers toutes ces additions étrangères, on reconnaît toujours le fond du caractère allemand. On l’admire dans ses souverains,