Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.

3o Le Haut Commandement, avec les SS et la Police, est responsable des impitoyables mesures de police appliquées aux régions occupées.

Dans les instructions relatives aux régions spéciales, publiées par l’OKW, le 13 mars 1941, on prévoyait la nécessité de coordonner l’activité du commandement militaire et celle du Reichsführer SS, dans les territoires occupés. Comme le montrent les dépositions d’Otto Ohlendorf, chef de l’Amt III du RSHA, qui fut également chef de l’Einsatzgruppe « D », et celles du chef de l’Amt VI du RSHA, Walter Schellenberg, l’État-Major général et le RSHA, conformément aux instructions de l’OKW, organisèrent en commun des « groupes d’opération » spéciaux du SD et de la SIPO, les « Einsatzgruppen », détachés auprès des unités correspondantes.

Les crimes commis par les Einsatzgruppen dans les territoires occupés ne se comptent plus. Les Einsatzgruppen travaillaient en étroite liaison avec les commandants des unités militaires.

L’extrait suivant d’un rapport de l’Einsatzgruppe « A » est caractéristique de cette liaison :

« … il nous incombait, entre autres, d’établir un contact personnel avec les commandants et les chefs de l’arrière. Il y a lieu de noter que nos rapports avec l’Armée se sont avérés excellents, et même cordiaux, dans certains cas presque amicaux, comme par exemple avec le général Hoppner, commandant du groupe blindé. » (Document L-180.)

4o Les membres du Haut Commandement ont agi dans toutes les fonctions en tant que membres d’une organisation criminelle.

Non seulement les directives de l’OKW et de l’État-Major général, bien qu’elles aient constitué une flagrante violation du droit international et des usages de la guerre, ne suscitaient aucune protestation de la part des officiers supérieurs d’État-Major et du Commandement des différents groupes d’armées, mais encore elles étaient infailliblement mises en pratique et complétées par des décrets encore plus rigoureux.

La directive adressée aux soldats par le Feldmarschall von Reichenau, commandant d’un groupe d’armées, est caractéristique à cet égard : « Le soldat des territoires de l’Est n’est pas seulement un combattant selon les règles de la guerre, il est également le défenseur de l’impitoyable idéologie allemande. » Et plus loin, prêchant l’extermination des Juifs, Reichenau écrivait : « De cette façon, le soldat doit comprendre clairement qu’il est indispensable de prendre des mesures impitoyables et justes contre cette sous-humanité, les Juifs … » (Document USA-556.)