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Pour apprécier à sa juste valeur le rôle de ce Conseil, il suffit de se rappeler la lettre de Rosenberg à Hitler dans laquelle il demandait avec insistance à être désigné comme membre du Conseil secret.

Une importance plus grande encore dans la préparation pratique des guerres d’agression revient au Conseil de la Défense du Reich, dirigé par Hitler et Göring. On sait que les membres du Conseil de la Défense étaient Hess, Frick, Funk, Keitel, Raeder, Lammers. (Document PS-2194, PS-2018.)

À la séance du 23 juin 1939, Göring a défini comme suit l’importance et le rôle du Conseil dans la préparation des guerres : « Le Conseil de la Défense du Reich représente l’organisme gouvernemental décisif pour les questions concernant la préparation de la guerre. » (Document PS-3787, USA-782.)

À la même occasion, Göring souligna que « le Conseil de la Défense est convoqué pour prendre les décisions les plus graves ». Les procès-verbaux des séances du Conseil de la Défense, que l’Accusation a présentés ici, montrent que le Conseil a effectivement pris des décisions très importantes. Il ressort également de ces procès-verbaux que d’autres ministres s’étaient joints aux membres du Conseil de la Défense pour discuter les mesures destinées à préparer la guerre.

C’est ainsi, par exemple, qu’à la réunion du 23 juin 1939, assistaient les ministres du Travail, du Ravitaillement et de l’Agriculture, des Finances, des Transports, etc., et que le procès-verbal de la réunion fut remis à tous les ministres du Reich. (Document USA-782.)

Le jugement du Tribunal relève à bon droit certaines caractéristiques du Gouvernement hitlérien, organisme dirigeant du pays : absence de réunions régulières du Cabinet, promulgation de lois par l’un ou l’autre des ministres, jouissant dans certains cas d’une autonomie extraordinaire, énorme pouvoir personnel de Hitler. Ces caractéristiques, cependant, ne contredisent pas, mais confirment, au contraire, la conclusion que le Gouvernement hitlérien n’était pas un gouvernement ordinaire, mais une organisation criminelle.

Il est bien entendu que Hitler jouissait d’un pouvoir personnel très considérable, mais ceci ne dégage nullement la responsabilité du Gouvernement du Reich, dont les membres, partisans convaincus de Hitler, étaient les dirigeants les plus étroitement en rapport avec lui ; ils approuvèrent et mirent à exécution toutes ses mesures, jusqu’au moment de l’expiation.

J’estime qu’il y avait tout lieu de reconnaître le Gouvernement de Hitler comme une organisation criminelle.