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La Section de Radiodiffusion, dont Fritzsche devint le chef en novembre 1942, était l’une des douze sections du ministère de la Propagande. Au début, Dietrich et d’autres chefs de section usaient de leur autorité pour orienter la politique que devait suivre la radio. Vers la fin de la guerre, cependant, Fritzsche devint le seul à exercer un pouvoir en matière de radiodiffusion au Ministère. En cette qualité, il composa et publia les « Paroles » quotidiennes de la radio destinées à tous les services de propagande du Reich et conformes à la politique générale du régime nazi ; elles étaient soumises aux directives de la section politique de Radiodiffusion du ministère des Affaires étrangères ainsi qu’au contrôle personnel de Goebbels.

Fritzsche, de même que d’autres fonctionnaires du ministère de la Propagande, assista aux conférences quotidiennes que Goebbels tenait avec ses collaborateurs. L’objet de ces conférences était de renseigner les assistants sur les nouvelles et sur la propagande du jour. Après 1943, Fritzsche tint quelquefois lui-même ces conférences, mais seulement quand Goebbels et ses secrétaires étaient absents. Et même alors, sa seule fonction consistait à transmettre les directives de Goebbels qui lui étaient données par téléphone.

Tels sont, rappelés brièvement, les postes que Fritzsche occupa et l’influence qu’il exerça au sein du IIIe Reich. Il n’eut jamais une situation assez importante pour assister aux conférences où furent élaborés les plans qui menèrent à la guerre d’agression ; il n’eut certainement jamais aucune conversation avec Hitler, car sa propre déposition en ce sens n’a pas été réfutée au cours des débats. Rien ne prouve non plus qu’il ait été informé des décisions prises au cours des conférences qui viennent d’être mentionnées. En conséquence, les activités de l’accusé ne peuvent pas être comprises dans la définition du plan commun de guerre d’agression ainsi qu’il a déjà été exposé plus haut.


Crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.

Le Ministère Public a soutenu que Fritzsche avait incité et encouragé la perpétration de crimes de guerre en falsifiant sciemment des nouvelles pour exciter dans le cœur des Allemands les passions qui les conduisirent à commettre les atrocités visées par les troisième et quatrième chefs d’accusation. Son poste et ses responsabilités officielles n’étaient cependant pas assez importants pour faire supposer qu’il participa à l’élaboration et à la rédaction des campagnes de propagande.

Des extraits de ses discours ont été cités à l’audience qui montrent un antisémitisme convaincu. Ainsi, il déclara à la radio que la guerre avait été provoquée par les Juifs et que le sort de ceux-ci était devenu « aussi malheureux que le Führer l’avait prédit ». Mais ces discours ne poussaient pas à la persécution ou à l’extermination des