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La position de Speer était telle qu’il n’a pas eu une part directe dans les mauvais traitements résultant de l’application du programme du travail forcé, bien qu’il ait connu leur existence. Par exemple, aux réunions du Comité central du Plan, il fut informé que ses demandes concernant les travailleurs étaient si considérables qu’elles nécessitaient des méthodes violentes de recrutement. À une réunion du Comité central du Plan, le 30 octobre 1942, Speer émit son opinion que nombre des travailleurs forcés étant portés malades n’étaient que des simulateurs et il déclara : « Il n’y a rien à dire contre les SS et la Police qui prennent des mesures rigoureuses et mettent ceux qui sont connus comme fainéants dans des camps de concentration. » Speer, cependant, insistait pour qu’il soit donné aux travailleurs forcés une nourriture suffisante et pour que les conditions matérielles soient telles qu’ils puissent fournir un travail efficace.

Il convient de retenir à sa décharge que l’institution de Speer relative aux industries bloquées laissa beaucoup de travailleurs dans leurs foyers et qu’au moment des phases finales de la guerre il fut un de ceux qui eurent le courage de prévenir Hitler que la guerre était perdue, et de prendre des mesures pour éviter la destruction insensée des moyens de production, à la fois en territoires occupés et en Allemagne. Il s’opposa à la politique hitlérienne de « la terre brûlée », en Allemagne et dans certains pays de l’Ouest, en la sabotant délibérément, prenant ainsi un risque personnel considérable.


Conclusion.

Le Tribunal déclare :

Que l’accusé Speer n’est pas coupable des crimes visés par les premier et deuxième chefs de l’Acte d’accusation ;

Que l’accusé Speer est coupable des crimes visés par les troisième et quatrième chefs de l’Acte d’accusation.


VON NEURATH.

Von Neurath est inculpé des crimes visés par les quatre chefs de l’Acte d’accusation. Diplomate de carrière, il a rempli les fonctions d’ambassadeur d’Allemagne en Grande-Bretagne de 1930 à 1932. Le 2 juin 1932, il fut nommé ministre des Affaires étrangères dans le Cabinet von Papen, et il garda ce poste dans les Cabinets de von Schleicher et de Hitler. Le 4 février 1938, von Neurath donna sa démission de ministre des Affaires étrangères et devint ministre du Reich sans portefeuille, président du Conseil de Cabinet secret et membre du Conseil de Défense du Reich. Du 18 mars 1939 au 27 septembre 1941, il fut protecteur de Bohème-Moravie. Il avait le grade d’Obergruppenführer honoraire dans les SS.