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fournie en réponse par la Défense consiste à dire que Hitler voulait enfreindre la Convention pour deux raisons : d’une part pour enlever aux troupes allemandes la protection qu’elle leur accordait, ce qui les empêchait de continuer à se rendre en masse aux Anglais et aux Américains, et d’autre part pour permettre d’exercer des représailles contre les prisonniers de guerre alliés en réponse aux bombardements aériens alliés. Dönitz prétend que par « mesures », il entendait des mesures disciplinaires contre les troupes allemandes pour les empêcher de se rendre et que ce mot n’avait aucun rapport avec des mesures à prendre contre les Alliés ; qu’il ne s’agissait que d’une suggestion et qu’en tout cas on ne prit jamais aucune mesure de ce genre, soit contre les Alliés, soit contre les Allemands. Le Tribunal, cependant, n’ajoute pas foi à cette explication. Quoi qu’il en soit, la Convention de Genève ne fut pas dénoncée par l’Allemagne. La Défense a versé aux débats plusieurs déclarations écrites prouvant que des prisonniers de guerre appartenant à la marine britannique et détenus dans des camps qui dépendaient de Dönitz étaient traités strictement d’après la Convention et le Tribunal retient ce fait comme circonstance atténuante.


Conclusion.

Le Tribunal déclare :

Que l’accusé Dönitz n’est pas coupable des crimes visés par le premier chef de l’Acte d’accusation ;

Que l’accusé Dönitz est coupable des crimes visés par les deuxième et troisième chefs de l’Acte d’accusation.


RAEDER

Raeder est inculpé des crimes visés au premier, au deuxième et au troisième chefs de l’Acte d’accusation. En 1928, il devint chef de la Direction de la Marine et, en 1935, commandant en chef de la Marine de guerre (OKM) ; en 1939, Hitler le fit Grand-Amiral. Il était membre du Conseil de la Défense du Reich. Le 30 janvier 1943, à sa demande, il fut remplacé par Dönitz et reçut le titre honorifique d’Amiral Inspecteur de la Marine.


Crimes contre la Paix.

Au cours des quinze années de son commandement, Raeder reconstruisit la flotte allemande et la mena au combat ; il en accepta la pleine responsabilité jusqu’à sa mise à la retraite en 1943. Il reconnaît que la Marine a violé le Traité de Versailles, mais affirme que « tout homme y eût mis son point d’honneur ». Il allègue d’ailleurs que ces violations furent minimes pour la plupart et que les constructions navales de l’Allemagne étaient restées en deçà de la