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décrets de Nuremberg, qu’il s’occupa activement à appliquer. Après avoir interdit aux Juifs l’exercice de certaines professions et confisqué leur fortune, il signa finalement, en 1943, après les exterminations massives de Juifs opérées à l’Est, un décret qui les plaçait « hors la loi » et remettait leur sort aux mains de la Gestapo. Ces mesures, qui ouvraient la voie à la « solution finale », furent étendues par l’accusé aux territoires incorporés ainsi qu’à certains des territoires occupés. Pendant la période où il fut protecteur du Reich pour la Bohême et la Moravie, des milliers de Juifs furent transférés du ghetto de Terezin, en Tchécoslovaquie, à Auschwitz, où ils furent tués. Il institua par décret une procédure pénale d’exception, applicable aux Juifs et aux Polonais du Gouvernement Général.

Bien que la Police fût théoriquement subordonnée au ministre de l’Intérieur, Frick avait, en fait, peu d’autorité sur Himmler et sur les questions de police en général. Quoi qu’il en soit, c’est lui qui avait signé la loi nommant Himmler chef de la Police allemande, ainsi que les décrets plaçant les camps de concentration sous l’autorité de la Gestapo et réglementant l’exécution des ordres d’internement de protection. Étant donné les nombreuses plaintes dont Frick eut connaissance et compte tenu des témoignages produits au cours des débats, le Tribunal estime que l’accusé connaissait les atrocités commises dans ces camps. En pleine connaissance des méthodes qu’employait Himmler, Frick l’autorisa, par décret, à prendre, dans certains des territoires occupés, les mesures de sécurité qu’il jugerait nécessaires. Or, on sait ce que furent ces « mesures de sécurité ».

En sa qualité d’autorité suprême du Reich en Bohême et en Moravie, Frick porte la responsabilité générale des actes d’oppression qui furent commis dans ce territoire après le 20 août 1943 : mesures de terreur contre la population, travail forcé, déportation et extermination des Juifs dans les camps de concentration. Il est vrai que les attributions que conférait à Frick son poste de protecteur du Reich étaient beaucoup plus restreintes que celles de son prédécesseur ; il est encore vrai qu’il n’avait aucun pouvoir législatif et que son autorité personnelle dans le Protectorat était limitée. Néanmoins, Frick savait parfaitement en quoi consistait à cette époque la politique nazie d’occupation, en particulier à l’égard des Juifs. En acceptant ce poste de protecteur du Reich, il assuma la responsabilité de l’exécution de cette politique en Bohême et en Moravie. Les questions de nationalité, tant dans les pays occupés que dans le Reich, étaient placées sous sa juridiction lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Après avoir établi un registre racial des personnes d’origine allemande, Frick conféra à certaines catégories de citoyens de pays étrangers la nationalité allemande. Il est responsable de la germanisation qui fut pratiquée en Autriche, dans le