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KEITEL.

Keitel est inculpé des crimes visés par les quatre chefs de l’Acte d’accusation. Il fut chef d’État-Major du ministre de la Guerre von Blomberg depuis 1935 jusqu’au 4 février 1938 ; à cette date Hitler prit le commandement des armées allemandes et nomma Keitel chef du Haut Commandement des Forces armées. Ce poste ne lui conférait pas le pouvoir de donner des ordres aux trois armes de la Wehrmacht, qui dépendaient directement du Chef Suprême et, en fait, l’OKW constituait l’État-Major militaire de Hitler.


Crimes contre la Paix.

Keitel assista, ainsi que deux autres généraux, à l’entrevue qui eut lieu avec Schuschnigg au mois de février 1938. Il a reconnu que leur présence à tous trois était une « démonstration militaire », mais a expliqué que, ayant été nommé chef de l’OKW seulement une semaine auparavant, il ne savait pas pour quelle raison on l’avait convoqué, Hitler et Keitel continuèrent par la suite à exercer une pression sur l’Autriche, en émettant des messages radiodiffusés et de fausses rumeurs et en organisant des mouvements de troupes. Keitel dirigeait toutes ces manœuvres et Jodl a noté dans son journal que « l’effet fut rapide et énergique ».

Lorsque Schuschnigg eut décidé d’organiser un plébiscite, Keitel, la même nuit en informa Hitler et ses généraux ; et Hitler publia le « Cas Otto » que Keitel parapha.

Le 21 avril 1938, Hitler et Keitel examinèrent la façon dont on pourrait utiliser un « incident » — tel que l’assassinat du Ministre allemand à Prague — comme prétexte à l’attaque contre la Tchécoslovaquie. Keitel signa de nombreuses directives et de nombreux mémorandums concernant le « Cas Vert » et, entre autres, l’instruction du 30 mai qui contenait la déclaration suivante de Hitler :

« C’est ma décision irrévocable d’écraser la Tchécoslovaquie par une action militaire dans un avenir très proche. » Après Munich, Keitel parapha l’ordre de Hitler concernant l’attaque contre la Tchécoslovaquie et ajouta deux suppléments. Le second précisait que l’attaque devrait apparaître à l’étranger comme « un acte de simple pacification et non pas comme une entreprise belliqueuse ». Keitel assista aussi aux négociations entre Hitler et Hacha à l’issue desquelles ce dernier finit par céder.

Il était encore présent, le 23 mai 1939, lorsque Hitler annonça sa décision « d’attaquer la Pologne à la première occasion favorable ». Déjà, il avait signé l’ordre enjoignant à la Wehrmacht de soumettre pour le 1er mai à l’OKW l’horaire des opérations du « Cas Blanc ».