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au pillage et à l’abandon de toutes les industries qui se trouvaient dans les régions déficitaires au point de vue du ravitaillement ; quant aux denrées des régions excédentaires, elles devaient être envoyées en Allemagne pour servir aux besoins de la population. Göring prétend que ses intentions ont été mal comprises, mais il reconnaît qu’il était « naturel et obligatoire pour nous d’utiliser la Russie au mieux de nos intérêts ».

Il participa à la conférence du 16 juillet 1941, au cours de laquelle Hitler déclara que les nationaux-socialistes n’avaient pas l’intention de jamais quitter les pays occupés et qu’ils prendraient les mesures appropriées telles que celles consistant à fusiller ou transplanter les habitants, etc.

À la suite des manifestations de novembre 1938, Göring imposa aux Juifs une amende d’un milliard de Reichsmark. Il les persécuta non seulement en Allemagne, mais aussi dans les territoires conquis. Les déclarations qu’il a faites à cette époque, autant que sa déposition à la barre, montrent qu’il s’intéressait surtout à la question de savoir comment évincer les Juifs de la vie économique de l’Europe et s’emparer de leurs biens. Il étendit aux pays occupés les lois antisémites du Reich, au fur et à mesure de l’avance de l’armée allemande dans ces territoires. Le Reichsgesetzblatt des années 1939, 1940 et 1941, contient plusieurs décrets antisémites signés par Göring. Bien que Himmler fût chargé de l’extermination des Juifs, Göring, malgré ses protestations à l’audience, était loin, en cette matière, d’être indifférent ou inactif. Par décret du 31 juillet 1941, il ordonna à Himmler et à Heydrich d’aboutir à une « solution totale de la question juive dans la sphère d’influence allemande en Europe ».

Aucune circonstance atténuante ne peut être invoquée en faveur de Göring. Il fut souvent — et l’on pourrait dire presque toujours — l’élément dynamique du Parti, placé immédiatement après Hitler. II fut le promoteur des guerres d’agression, aussi bien comme chef politique que comme chef militaire. Il dirigea le programme du travail forcé et fut l’instigateur des mesures de persécution contre les Juifs et d’autres races, tant en Allemagne qu’à l’étranger. Tous ces crimes, il les a reconnus sans détour.

Les témoignages peuvent différer sur certains points particuliers mais, en général, les propres aveux de Göring sont plus que suffisants pour permettre de conclure à sa culpabilité. Cette culpabilité est unique dans son étendue. Rien, dans son dossier, ne peut servir d’excuse à cet homme.


Conclusion.

Le Tribunal déclare :

Que l’accusé Göring est coupable des crimes visés par les quatre chefs de l’Acte d’accusation.