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cependant que son transfert fut complet, car la moitié de son personnel, évalué à cinquante-quatre mille personnes, continua à relever de l’administration des Finances du Reich ou de celle de la Police d’ordre. Peu de jours avant la fin de la guerre, toute l’organisation fut réintégrée dans l’administration des Finances du Reich. Le transfert de l’organisation à la Gestapo fut fait si tard et elle participait si peu à son activité générale, que le Tribunal estime qu’il n’y a pas lieu de s’occuper de ce groupe au sujet de la criminalité de la Gestapo.

La troisième organisation était ce qu’on appelait la « Sûreté aux armées », organisation qui dépendait, à l’origine, de l’Armée, mais qui, en 1942, sur l’ordre de l’autorité militaire, fut mutée dans la Police de sûreté. La Sûreté aux armées s’occupait de questions de sécurité au sein de l’Armée, dans les territoires occupés. Elle devait également empêcher les civils d’attaquer les installations ou les unités militaires. Il ne semble pas, cependant, qu’elle ait constitué une partie de la Gestapo, réserve faite du cas des membres qui ont pu être transférés dans l’Amt IV du RSHA ou qui auraient été membres d’organisations déclarées criminelles par le présent jugement, et le Tribunal estime qu’elle ne doit pas être considérée comme tombant sous le coup de l’Acte d’accusation.


Activité criminelle.

À l’origine, l’une des fonctions primordiales de la Gestapo consistait à empêcher toute opposition au régime politique, fonction qu’elle a accomplie avec l’aide du SD. L’arme principale employée pour accomplir cette fonction était le camp de concentration. La Gestapo n’avait pas de pouvoir de contrôle sur l’administration des camps de concentration, mais par l’intermédiaire du RSHA, la Gestapo était responsable de l’internement de prisonniers politiques dans ces camps ; les fonctionnaires de la Gestapo étaient généralement chargés des interrogatoires que l’on faisait subir à ces prisonniers dans les camps.

La Gestapo et le SD s’occupaient également des questions de trahison, et des questions concernant la presse, l’Église et les Juifs. Parallèlement à l’intensification du programme nazi de persécution des Juifs, le rôle joué par ces groupes devint de plus en plus important. Au début de la matinée du 10 novembre 1938, Heydrich envoya un télégramme à tous les bureaux de la Gestapo et du SD contenant des instructions en vue de l’organisation de pogroms pour ce jour-là, et pour l’arrestation d’autant de Juifs, « spécialement des riches », qu’en pouvaient contenir les prisons ; il ajoutait qu’il fallait faire attention à ce que les Juifs arrêtés soient en bonne santé et pas trop vieux. Le 11 novembre 1938, vingt mille Juifs étaient arrêtés et beaucoup étaient envoyés dans des camps de concentration. Le