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des conditions sanitaires épouvantables, qu’ils fournissaient un grand nombre d’heures de travail et ne recevaient pas la nourriture appropriée. Sous la même surveillance, les travailleurs agricoles, qui étaient un peu mieux traités, se voyaient cependant interdire les moyens de transport, les distractions et l’exercice de leur religion. Ils devaient travailler pendant un temps illimité et sous une réglementation qui autorisait l’employeur à leur infliger des châtiments corporels. Les chefs politiques, tout au moins jusqu’aux Ortsgruppenleiter, étaient chargés de cette surveillance. Le 5 mai 1943, un mémorandum de Bormann, ordonnant que l’on cessât de maltraiter les travailleurs forcés, fut distribué à tous les chefs jusqu’au grade d’Ortsgruppenleiter. De même, le 10 novembre 1944, Speer transmit par circulaire un ordre de Himmler qui stipulait que les Ortsgruppenleiter devaient rappeler à tous les membres du parti nazi, suivant les instructions du Kreisleiter, qu’il leur incombait de soumettre les travailleurs étrangers à une surveillance minutieuse.

Le traitement des prisonniers de guerre était de la compétence directe du Corps des chefs. Le 5 novembre 1941, Bormann transmit un ordre aux chefs jusqu’au grade de Kreisleiter, les chargeant de faire appliquer par l’Armée les directives récentes du ministère de l’Intérieur, selon lesquelles il fallait enterrer les prisonniers de guerre soviétiques dans un lieu retiré, enveloppés dans du papier goudronné, sans cérémonie ni décoration sur leur tombe. Le 25 novembre 1943, Bormann envoya une circulaire ordonnant aux Gauleiter de signaler tous les cas où des prisonniers de guerre auraient été traités avec douceur. Le 13 septembre 1944, Bormann ordonna aux chefs jusqu’au grade de Kreisleiter, d’établir une liaison entre les Kreisleiter et les gardiens des prisonniers de guerre afin d’« adapter l’affectation des prisonniers de guerre aux besoins politiques et économiques ». Le 17 octobre 1944, une directive de l’OKW ordonna à l’officier chargé des prisonniers de guerre de conférer avec le Kreisleiter au sujet du rendement de la main-d’œuvre. L’emploi des prisonniers de guerre comme travailleurs, notamment ceux des pays de l’Est, s’est accompagné de constantes violations des lois de la guerre sur terre. Cet ensemble de témoignages permet d’établir que les membres du Corps des chefs, en descendant jusqu’aux Kreisleiter, ont participé à ces traitements illégaux.

On fit également appel à l’organisation du Corps des chefs pour essayer de priver les aviateurs alliés de la protection à laquelle la Convention de Genève leur donnait droit. Le 13 mars 1940, Hess fit parvenir, par l’intermédiaire du Corps des chefs, aux Blockleiter, des instructions destinées à la population civile au cas d’atterrissage éventuel d’avions ou de parachutistes ennemis. Ces instructions précisaient que les parachutistes ennemis devaient être immédiate-