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l’armée d’occupation. Ils seront en rapport avec les ressources du pays, et de telle nature qu’ils n’impliquent pas, pour les populations, l’obligation de prendre part aux opérations militaires contre leur propre patrie. »

La politique des autorités d’occupation allemandes a constitué une violation flagrante des termes de cette Convention. On peut se rendre compte de ce qu’était cette politique en lisant la déclaration faite par Hitler dans un discours prononcé le 9 novembre 1941 :

« Le chiffre de la population qui travaille maintenant pour nous, dans le territoire que nous occupons, atteint plus de deux cent cinquante millions d’hommes ; mais si l’on compte aussi celle qui travaille indirectement à notre profit, on arrive à plus de trois cent cinquante millions. Dans la mesure où il s’agit de territoires allemands, nous parviendrons, dans les régions que nous administrons, à atteler à cette tâche jusqu’au dernier homme. »

Les résultats obtenus effectivement ne furent pas aussi complets ; pourtant, les autorités d’occupation allemandes parvinrent à astreindre un grand nombre d’habitants des territoires occupés à l’effort de guerre du Reich. Elles déportèrent en Allemagne au moins cinq millions de personnes pour les contraindre à des travaux agricoles.

Aux premiers temps de la guerre, la main-d’œuvre était, dans les territoires envahis, placée sous la direction de diverses autorités d’occupation et les méthodes différaient selon les pays. Mais, bientôt, dans tous les territoires occupés, un service de travail obligatoire fut créé. Les habitants furent recensés et forcés de travailler sur place au bénéfice de l’économie de guerre allemande. Bien souvent, ils durent construire des fortifications et des installations militaires. Comme les stocks de matières premières et la capacité de production industrielle devenaient sur place insuffisants pour satisfaire les demandes allemandes, on inaugura le système de la déportation des ouvriers en Allemagne : celle-ci avait été ordonnée dans le Gouvernement Général dès la mi-avril 1940. Une méthode similaire fut suivie dans les autres territoires à l’Est, au fur et à mesure de leur occupation. Himmler décrivit les méthodes de déportation forcée qui étaient employées en Pologne. Dans une allocution prononcée devant les officiers SS, il rappela comment, par une température de 40 degrés au-dessous de zéro, il fallait « transporter des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers de personnes ». Une autre fois, il déclara :

« Le fait que dix mille femmes russes tombent d’épuisement en creusant un fossé anti-char ne m’intéresse que dans la mesure où le fossé anti-char est creusé pour l’Allemagne… Nous devons réali-