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Outre cette mainmise sur les matières premières et les articles manufacturés, une saisie massive des œuvres d’art, des meubles, des textiles et d’autres objets de même nature fut opérée dans tous les pays envahis.

Le 29 janvier 1940, Rosenberg fut nommé par Hitler chef du « Centre de recherches pour l’idéologie et l’éducation nationale-socialistes ». Par la suite, l’organisme connu sous le nom de « Einsatzstab Rosenberg » se mit à exécuter des opérations de grande envergure. Destiné, tout d’abord, à créer une bibliothèque de recherches, il se transforma par la suite en une entreprise de saisie de tous les trésors culturels. Le 1er mars 1942, Hitler promulgua un autre décret autorisant Rosenberg à fouiller les bibliothèques, les loges maçonniques et les établissements intellectuels ; il devait y saisir les documents intéressants, les objets de valeur appartenant à des Juifs ou se trouvant en leur possession, ainsi que ceux qui n’avaient pas de propriétaire ou dont on ne pouvait pas établir clairement l’origine. Ce décret exigeait la coopération du Haut Commandement militaire et précisait que les travaux de Rosenberg à l’Ouest devaient être menés par lui en sa qualité de Reichsleiter et, à l’Est, en sa qualité de Reichsminister. C’est ainsi que les activités de Rosenberg s’étendirent aux territoires occupés ; Robert Scholz, chef du Service spécial chargé des œuvres d’art déclarait dans son rapport :

« Au cours de la période allant de mars 1941 à juillet 1944, le Service spécial chargé des œuvres d’art a dirigé sur l’Allemagne vingt-neuf grands convois comprenant cent trente-sept wagons de marchandises et quatre mille cent soixante-quatorze caisses renfermant des objets d’art. »

Le rapport de Scholz parle de vingt-cinq albums de gravures des plus importantes collections artistiques saisies à l’Ouest, qui furent offertes au Führer. Trente-neuf volumes, reliés en cuir et préparés par l’Einsatzstab, contenaient des photographies de peintures, de tissus, de meubles, de chandeliers et de nombreux autres objets d’art, et montraient la valeur et l’importance des rafles opérées. Dans de nombreux territoires occupés, des collections privées furent confisquées, des bibliothèques et des domiciles particuliers mis à sac.

Des musées, des palais et des bibliothèques furent systématiquement pillés en Russie. L’Einsatzstab de Rosenberg, le « bataillon » spécial de von Ribbentrop, les commissaires du Reich et les membres de commandements militaires s’emparèrent d’objets de valeur culturelle et historique appartenant à la population de l’Union Soviétique, et les envoyèrent en Allemagne. Le commissaire du Reich pour l’Ukraine enleva ainsi des peintures et des objets d’art de Kiev et de Karkov et les expédia en Prusse orientale. Des volumes rares