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produits locaux d’échapper aux Allemands. Après l’échec de ces tentatives, une agence fut créée afin de faire des achats au marché noir pour le compte de l’Allemagne ; ainsi fut tenue la promesse que Göring avait faite : « Tous devraient savoir que même si la famine venait à s’étendre partout, en aucun cas elle ne toucherait l’Allemagne. »

Dans de nombreux pays de l’Est et de l’Ouest, les autorités d’occupation firent semblant de payer tout ce qu’elles prenaient. Ce simulacre de règlement masquait simplement le fait que les marchandises envoyées des territoires occupés en Allemagne étaient en réalité payées par les pays occupés eux-mêmes qui étaient contraints, soit de verser des frais d’occupation exagérés, soit de consentir des avances en échange d’une écriture de crédit passée sur un « compte de clearing » purement fictif.

Mais dans la plupart des territoires occupés de l’Est, ce simulacre de légalité ne fut même pas observé ; l’exploitation économique devint un pillage délibéré. Cette politique fut d’abord mise en pratique dans l’administration du Gouvernement Général de Pologne. Les produits agricoles, dans l’Est, furent l’objet de la principale exploitation, et de grandes quantités de denrées alimentaires furent expédiées ainsi du Gouvernement Général vers l’Allemagne.

Les preuves relatives à la famine dont souffrit toute la population polonaise dans le Gouvernement Général montrent avec quelle impitoyable sévérité fut menée cette politique d’exploitation.

L’occupation des territoires de l’URSS fut caractérisée par un pillage prémédité et systématique. Avant même que l’attaque ne fût lancée contre ce pays, un groupe économique — dit groupe Oldenburg — fut créé pour en assurer l’exploitation la plus efficace.

Le ravitaillement des armées allemandes devait être assuré par le territoire soviétique, même si « des millions d’êtres devaient mourir de faim ». Un ordre de l’OKW publié avant l’attaque disait :

« Le but économique principal de cette campagne est d’obtenir la plus grande quantité possible de produits alimentaires et de pétrole. »

Parallèlement, un mémoire de Rosenberg du 20 juin 1941 avait préconisé l’emploi des produits de la Russie méridionale et de l’Ukraine septentrionale pour nourrir le peuple allemand, disant :

« Nous ne voyons absolument aucune raison qui nous oblige à nourrir aussi la population russe avec les produits excédentaires de ce territoire. Nous savons que c’est là une dure nécessité, qu’il faut dépouiller de toute considération sentimentale. »

Dès l’occupation du territoire soviétique, cette politique fut mise en pratique ; les produits agricoles furent confisqués dans de larges proportions, au mépris le plus absolu des besoins des habitants du territoire.