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« Le sort d’un Russe ou d’un Tchèque ne m’intéresse pas le moins du monde. Nous prendrons ce que ces peuples peuvent nous offrir en sang pur de notre race. S’il le faut, nous le ferons en arrachant les enfants de leur pays et en les emmenant ici avec nous. Que certains pays vivent dans la prospérité ou meurent de faim ne m’intéresse que dans la mesure où nous avons besoin qu’ils servent d’esclaves pour notre « Kultur », sinon je m’en désintéresse. »

Dès septembre 1939, l’extermination de l’intelligentzia polonaise était prévue, et en mai 1940, Frank parlait, dans son journal, de « profiter de ce que l’intérêt du monde se concentre sur le front de l’Ouest, pour liquider des milliers de Polonais, en commençant par les représentants principaux de l’intelligentzia polonaise. » Auparavant, Frank avait reçu l’ordre de réduire « toute l’économie polonaise au minimum absolument nécessaire pour vivre. Les Polonais seront les esclaves du Grand Empire mondial allemand. » En janvier 1940, il écrivait dans son journal que « de la main d’œuvre à bon marché devait être extraite du Gouvernement Général par centaines de milliers d’hommes. Cela empêchera la propagation biologique des Polonais. » Les méthodes appliquées en Pologne par les Allemands réussirent si bien que, à la fin de la guerre, un tiers de la population avait été dévasté.

Il en était de même dans les régions occupées de l’Union Soviétique. Au moment du déclenchement de l’attaque allemande, en juin 1941, Rosenberg dit à ses collaborateurs :

« Le ravitaillement du peuple allemand se trouve, cette année, sans aucun doute, en tête de la liste des revendications allemandes dans l’Est ; les régions du sud et le nord du Caucase devront servir à équilibrer le ravitaillement allemand… Une évacuation en masse sera sans doute nécessaire et il est certain que l’avenir réserve aux Russes des années difficiles. »

Trois ou quatre semaines après, Hitler examina avec Rosenberg, Göring, Keitel et d’autres, son plan d’exploitation de la population et du territoire soviétiques, plan qui prévoyait, notamment, l’évacuation des habitants de la Crimée et la colonisation de cette région par des Allemands.

Un destin semblable avait été prévu pour la Tchécoslovaquie par von Neurath, en août 1940 ; l’intelligentzia devait être « expulsée », mais le reste de la population devait être germanisé plutôt que déporté ou exterminé, car on manquait d’Allemands pour le remplacer.

Dans l’Ouest, la population alsacienne fut victime d’une « mesure d’expulsion » allemande. De juillet à décembre 1940, 105.000 Alsaciens furent déportés ou empêchés de retourner chez eux. Un rapport allemand saisi et daté du 7 août 1942, porte, en ce qui concerne l’Alsace :