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Au cours de l’été 1944, les Einsatzkommandos de la SIPO et du SD du Luxembourg firent interner, dans le camp de concentration de Sachsenhausen, un certain nombre de personnes accusées d’être apparentées à des déserteurs et de « mettre en danger les intérêts du Reich, si elles restaient en liberté ».

On inaugura la méthode consistant à prendre des otages afin de prévenir et de punir toute forme de troubles. Le 16 septembre 1941, Keitel donna un ordre d’après lequel la vie d’un seul Allemand devait correspondre à celle de cinquante ou cent habitants des territoires occupés. Cet ordre portait qu’il « fallait se rappeler que bien souvent une vie humaine ne compte pour rien dans des pays non encore pacifiés et qu’un effet préventif ne pouvait être obtenu que par l’emploi d’une sévérité extraordinaire. » Le nombre des personnes tuées d’après de telles directives n’est pas connu avec exactitude, mais il y en eut un nombre considérable en France et dans les autres pays occupés de l’Ouest ; quant aux territoires de l’Est, les exécutions massives s’y effectuaient sur une échelle encore beaucoup plus vaste. Non seulement des otages y étaient exécutés, mais dans certains cas, des villes entières furent détruites ; des massacres tels que ceux d’Oradour-sur-Glane en France et de Lidice en Tchécoslovaquie — décrits en détail devant le Tribunal — sont des exemples de la façon systématique dont les Forces d’occupation employèrent la terreur pour détruire toute opposition à leur autorité.

L’un des principaux moyens utilisés pour terroriser la population des pays occupés fut l’emploi des camps de concentration. Ceux-ci avaient été créés par le Gouvernement allemand au moment de la prise du pouvoir. Leur but initial était d’emprisonner, sans les juger, toutes les personnes qui avaient fait opposition au Gouvernement, ou dont l’activité était préjudiciable aux autorités nazies. Avec l’appui d’une force de police secrète, cette méthode s’étendit de plus en plus, et les camps de concentration devinrent finalement des lieux d’extermination organisée et méthodique, dans lesquels des millions d’internés furent assassinés.

Dans l’administration des territoires occupés, les camps de concentration servaient à détruire tous les groupements d’opposition. C’est là qu’étaient généralement internées les personnes arrêtées par la Gestapo. Bien souvent, elles y étaient envoyées en convoi, sans qu’on prît le moindre soin d’elles ; nombreuses furent celles qui moururent en chemin. Les déportés qui parvenaient au camp étaient soumis à des traitements d’une cruauté systématique. Ils étaient contraints d’effectuer un travail physique épuisant ; la nourriture, les vêtements, le logement, tout était insuffisant ; ils étaient, de façon continue, les victimes d’un régime rigoureux et abrutissant, ainsi que des caprices de leurs gardiens. Le rapport du Service de Justice militaire de la Troisième Armée américaine (Section des crimes de