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Lorsque des aviateurs alliés étaient contraints d’atterrir en Allemagne, ils étaient parfois tués immédiatement par la population civile. La police avait reçu l’ordre de ne pas intervenir lors de ces lynchages et le ministre de la Justice avait été avisé de ce que personne ne devrait être poursuivi pour y avoir pris part.

Le traitement infligé aux prisonniers de guerre soviétiques était particulièrement cruel. La mort de tant d’entre eux ne fut pas due simplement à l’action de gardiens isolés ou aux conditions de vie dans les camps. Elle était le résultat de plans systématiques de meurtre. Plus d’un mois avant l’invasion de l’Union Soviétique, l’OKW établit des projets spéciaux concernant les commissaires politiques, servant dans les Forces armées soviétiques, qui pourraient être faits prisonniers. L’un de ces projets était : « Les Commissaires politiques de l’Armée ne sont pas reconnus comme prisonniers de guerre et doivent être exterminés au plus tard dans les camps de transit. » Keitel a déclaré dans sa déposition que des ordres, établis d’après ce projet, furent transmis à l’armée allemande.

Le 8 septembre 1941, furent promulgués, dans tous les camps de prisonniers, des règlements, signés du général Reinecke, chef du Service des prisonniers de guerre près le Haut Commandement, concernant le traitement à appliquer aux prisonniers soviétiques. Ces ordres déclaraient :

« Le soldat bolchevique a perdu tout droit à être traité comme un adversaire honorable, conformément à la Convention de Genève… On doit donner l’ordre d’agir impitoyablement et énergiquement au plus léger signe d’insubordination, en particulier quand il s’agit de fanatiques bolchéviques. L’insubordination, la résistance active ou passive, doivent être immédiatement brisées par la force des armes (baïonnettes, crosses et armes à feu)… Quiconque exécute cet ordre sans utiliser ses armes ou avec une énergie insuffisante est passible de punition… On doit tirer sans sommation préalable sur les prisonniers de guerre qui tentent de s’enfuir. On ne doit jamais tirer un coup de semonce… L’emploi des armes contre les prisonniers de guerre est légal en règle générale. »

Ces prisonniers ne recevaient pas de vêtements convenables et n’étaient pas soignés lorsqu’ils étaient blessés ; l’insuffisance de leur alimentation était telle que, bien souvent, ils mouraient d’inanition.

Le 17 juillet 1941, la Gestapo promulguait un décret prévoyant la mise à mort de tous les prisonniers de guerre soviétiques qui étaient ou pourraient devenir dangereux pour le national-socialisme ; l’ordre déclarait :

« La mission des chefs de la SIPO et du SD affectés aux stalags consiste à procéder à une enquête politique parmi tous les internés