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territoires qui devaient être occupés et les mauvais traitements que la population devait subir furent prévus dans leurs moindres détails, bien avant le déclenchement de l’attaque. L’invasion de ces territoires avait été envisagée dès l’automne de 1940, et les méthodes propres à briser toute résistance possible furent dès lors continuellement discutées.

De même, lorsqu’il envisageait d’astreindre au travail forcé les habitants des territoires occupés, le Gouvernement allemand considérait cette exploitation intensive comme une partie intégrante de l’économie de guerre et prévoyait minutieusement l’exécution de ce crime de guerre.

L’assassinat des prisonniers repris après leur évasion, l’extermination de commandos et d’aviateurs capturés, ainsi que celle des commissaires soviétiques, sont autant de crimes de guerre, commis en exécution d’ordres particuliers transmis par les plus hautes autorités.

Le Tribunal se propose de ne traiter ici que d’une manière générale la question des crimes de guerre et de leur consacrer une étude détaillée lorsqu’il s’agira d’examiner à cet égard la responsabilité de chacun des accusés. Des prisonniers de guerre furent maltraités, torturés et assassinés, non seulement en violation des règles du Droit international, mais encore au mépris des principes d’humanité les plus élémentaires ; les populations civiles des territoires occupés subirent le même sort. Certaines d’entre elles furent déportées en masse en Allemagne pour y travailler dans la contrainte à des travaux de défense et à la fabrication d’armement, et pour apporter leur contribution involontaire à l’effort de guerre. Dans tous les pays occupés des otages en nombre considérable furent pris, et fusillés selon le gré des Allemands. La propriété publique et privée fut systématiquement pillée afin d’augmenter les ressources de l’Allemagne aux dépens du reste de l’Europe. Des cités, des villes, des villages furent détruits volontairement, sans aucune justification ni nécessité militaire.


Assassinats et mauvais traitements dont furent victimes les prisonniers de guerre.

L’article 6, b du Statut donne des crimes de guerre la définition suivante :

« Crimes de guerre : c’est-à-dire les violations des lois et coutumes de la guerre. Ces violations comprennent, sans y être limitées, l’assassinat, les mauvais traitements ou la déportation pour le travail forcé, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l’assassinat ou le mauvais traitement des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l’exécution des otages, le