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Aux dires de ce témoin, le Grand État-Major allemand ne possédait à cette date aucune information relative à une attaque de l’Union Soviétique contre l’Allemagne.

Le 18 décembre 1940, Hitler, par la directive no 21 que paraphèrent Keitel et Jodl, exigeait l’achèvement, pour le 15 mai 1941, de tous les préparatifs liés à la mise en œuvre du « Cas Barbarossa ». Cette directive stipulait :

« On doit apporter le plus grand soin à ne pas divulguer l’intention d’attaquer. Les Forces armées allemandes doivent être prêtes à écraser la Russie soviétique par une campagne rapide, avant la fin de la guerre contre l’Angleterre. »

Précédemment à cette instruction, Göring avait fait connaître le plan d’ensemble du général Thomas, chef du Service de l’économie de guerre de l’OKW et celui-ci avait rédigé des rapports sur les possibilités économiques de l’URSS, ses matières premières, son système de transport et sa capacité de fabrication d’armes.

Conformément aux conclusions de ces rapports, un État-Major économique pour les territoires de l’Est fut créé, comprenant plusieurs unités placées sous la haute direction de Göring. Ces unités devaient, en liaison avec le Commandement militaire, poursuivre, dans l’intérêt de l’Allemagne et de la façon la plus complète et la plus efficace, l’exploitation des territoires occupés.

Le cadre de la future organisation politique et économique de ceux-ci fut mis au point par Rosenberg pendant plus de trois mois, après de nombreuses conférences et avec l’aide de Keitel, de Jodl, de Raeder, de Funk, de Göring, de von Ribbentrop, de Frick, de Fritzsche ou de leurs représentants. Un rapport détaillé fut rédigé à ce sujet aussitôt après l’invasion.

Les plans prévus esquissaient un projet de destruction de l’Union Soviétique en tant qu’État indépendant et son partage par la création de « Commissariats du Reich » et la transformation en colonies allemandes de l’Esthonie, de la Lithuanie, de la Russie Blanche et de divers autres territoires. En même temps qu’elle travaillait à ces projets. L’Allemagne entraînait la Hongrie, la Roumanie et la Finlande dans la guerre contre la Russie. En décembre 1940, la Hongrie acceptait d’y prendre part contre la promesse qu’elle obtiendrait certains territoires aux dépens de la Yougoslavie. En mai 1941, fut conclu avec Antonesco, Premier Ministre de Roumanie, un accord prévoyant l’intervention de ce dernier pays contre l’URSS, en échange de la promesse de recevoir la Bessarabie et le nord de la Bukovine, et du droit d’occuper le territoire soviétique jusqu’au Dnieper.

Le 22 juin 1941, l’Allemagne, en application de plans depuis longtemps établis, envahissait le territoire soviétique sans déclaration de guerre.