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projetée contre la Grèce et davantage encore en ce qui concernait celle qui devait être dirigée ensuite contre la Russie. Il ajouta qu’il était décidé à faire tous les préparatifs nécessaires à l’anéantissement militaire et politique de la Yougoslavie, sans attendre de possibles déclarations de loyalisme émanant du nouveau Gouvernement.

Le 6 avril 1941, les Forces allemandes envahissaient la Grèce et la Yougoslavie et Belgrade était bombardé par la Luftwaffe. Cette invasion avait été si rapide qu’on n’avait même pas eu le temps d’organiser un seul des « incidents » habituels, ni d’inventer et de publier des « explications politiques » appropriées. Le 6 avril, dès le début de l’attaque, Hitler déclara au peuple allemand que cette attaque était nécessaire parce que l’envoi de troupes britanniques en Grèce, destinées à défendre ce pays contre l’Italie, représentait une tentative anglaise d’étendre la guerre aux Balkans.

La suite des événements qu’on vient de rappeler montre que, de toute évidence, la guerre d’agression déclenchée contre la Grèce et contre la Yougoslavie avait été envisagée longtemps à l’avance, en tout cas dès le mois d’aout 1939. Le fait que la Grande-Bretagne était venue au secours des Grecs et aurait pu être ainsi à même de compromettre sérieusement par la suite les intérêts allemands servit de prétexte à l’occupation des deux pays.


LA GUERRE D’AGRESSION CONTRE L’UNION DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES.

Le 23 août 1939, l’Allemagne signait avec l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques un pacte de non-agression.

Il a été démontré que non seulement l’Union Soviétique, pour sa part, s’était conformée aux termes de ce pacte, mais encore que le Gouvernement allemand connaissait cette attitude, grâce aux rapports de ses représentants les plus autorisés. Il apprit ainsi, par son ambassadeur à Moscou que l’Union Soviétique n’entrerait en guerre que si elle était attaquée par l’Allemagne ; la déclaration de ce diplomate fut d’ailleurs consignée dans le journal de guerre allemand, à la date du 6 juin 1941.

Néanmoins, dès la fin de l’été 1940, l’Allemagne, en dépit du pacte de non-agression, commençait ses préparatifs d’attaque contre l’URSS. Cette opération fut étudiée secrètement sous le nom conventionnel de « Cas Barbarossa » et l’ancien feldmarschall Paulus a témoigné devant le Tribunal qu’à partir du 3 septembre 1940, date à laquelle il rejoignait le Grand État-Major allemand, il avait participé à la préparation de ce plan qui fut entièrement terminé au début de novembre 1940.