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pensait que la solution la plus favorable serait de maintenir la neutralité de la Norvège, mais il était fermement convaincu que l’Angleterre projetait d’occuper ce pays dans un proche avenir, avec le consentement tacite du Gouvernement d’Oslo.

L’ordre donné par Hitler, le 1er  mars 1940, en vue de l’attaque du Danemark et de la Norvège stipulait que l’opération « avait pour objet de prévenir une intervention britannique en Scandinavie et dans la Baltique ».

On ne doit cependant pas oublier que le mémoire de Raeder, en date du 3 octobre 1939, ne contient aucune mention de cette nature, mais indique simplement comme but de l’attaque : « l’amélioration de notre position stratégique et tactique ».

Ce mémoire d’ailleurs, ainsi que celui de Dönitz en date du 9 octobre 1939, est intitulé : « Conquête de bases en Norvège ». La même observation est valable mutatis mutandis pour le mémoire de l’accusé Dönitz du 9 octobre 1939.

Aussi bien, Jodl inscrivait-il dans son journal, le 13 mars 1940 :

« Le Führer ne donne pas encore d’ordres pour « W » (Exercice Weser). Il cherche toujours une excuse. » (Justification ?)

Le 14 mars, il écrivait encore :

« Le Führer n’a pas encore décidé quelle raison il faudrait donner pour l’Exercice Weser. »

Le 21 mars 1940, il consignait les déceptions que ressentait le Corps expéditionnaire XXI devant le long intervalle écoulé entre la date de la prise de positions d’alerte et la fin des négociations diplomatiques et ajoutait :

« Le Führer rejette l’idée de toute négociation préliminaire pour éviter que ne soient adressés à l’Angleterre et à l’Amérique des appels à l’aide. Si une résistance se produit, elle doit être réprimée impitoyablement. »

Le 2 avril, il mentionne que tous les préparatifs sont achevés ; le 4 avril, l’ordre d’opérations navales était donné et, le 9 avril, l’invasion commençait.

Il ressort clairement de ce qui précède que, lorsque les plans d’attaque pour la Norvège furent élaborés, ce fut non pas pour prévenir un débarquement allié imminent, mais tout au plus une occupation alliée ultérieure.

Le 23 mars 1940, après que les ordres définitifs pour l’invasion de la Norvège par l’Allemagne eurent été donnés, le journal de l’État-Major des opérations navales mentionna :

« Une intervention massive des Anglais dans les eaux territoriales norvégiennes… ne doit pas être attendue actuellement. »

Et une note de l’amiral Assmann, en date du 26 mars, indique :