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Ce fut quatre semaines après ce discours que Hitler tint, le 23 mai 1939, l’importante conférence militaire que le Tribunal a déjà mentionnée. Göring, Raeder et Keitel entre autres y prirent part. Le lieutenant-colonel Schmundt y assistait à titre d’officier d’ordonnance et il en a fait un compte rendu que sa signature authentifie.

Le but de cette conférence était de permettre à Hitler de communiquer aux commandants des Forces armées et à leurs états-majors ses opinions sur la situation politique et sur ses projets d’avenir. Il souligna qu’il était indispensable de garder le secret pour assurer la réalisation de ses desseins. Après avoir exposé la situation et passé en revue le cours des événements depuis 1933, il annonça qu’il avait décidé d’attaquer la Pologne. Il reconnut que cette agression ne résulterait pas du différend qui s’était élevé entre l’Allemagne et ce pays au sujet de Dantzig, mais de la nécessité d’agrandir l’espace vital de l’Allemagne et d’assurer son ravitaillement.


Il déclara :

« Il faut du courage pour résoudre cette question. Le principe est inadmissible selon lequel on évite de donner une solution à un problème sous prétexte de s’adapter aux circonstances. Ce sont les circonstances qui doivent se plier à nos buts. En l’espèce, rien n’est possible sans une invasion de pays étrangers, ou des attaques contre des biens étrangers. »


Il affirma plus loin :

« Il n’est pas question d’épargner la Pologne, et nous n’avons plus qu’à décider de l’attaquer à la première occasion propice. Nous ne pouvons pas compter sur une répétition de l’affaire tchèque. Ce sera la guerre. Il nous faut isoler la Pologne. La réalisation de cet isolement sera décisive… L’isolement de la Pologne est une affaire d’habileté politique. »

Le compte rendu du lieutenant-colonel Schmundt révèle que Hitler se rendait parfaitement compte de la possibilité d’une intervention de la Grande-Bretagne et de la France en faveur de la Pologne. Au cas où il ne réussirait pas à isoler ce pays, il estimait que l’Allemagne devrait d’abord attaquer la Grande-Bretagne et la France en portant en premier lieu ses efforts sur une guerre à l’Ouest, afin d’amener une rapide défaite de ces deux puissances, ou tout au moins de détruire leur potentiel de guerre. Hitler souligna cependant que la guerre contre la Grande-Bretagne et la France serait une lutte à mort, qui pourrait durer longtemps, et qu’il fallait s’y préparer en conséquence.