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télégramme proposé par Göring, pour montrer que Seyss-Inquart avait requis la présence des troupes allemandes dans la crainte de troubles. Le 13 mars 1938, fut promulguée une loi consacrant la réunion de l’Autriche au Reich allemand. Seyss-Inquart ayant demandé au Président Miklas de signer cette loi, celui-ci refusa et donna sa démission. Seyss-Inquart le fit à sa place au nom de l’Autriche et cette loi entra dans la législation du Reich par un décret du Cabinet publié le même jour, et signé par Hitler, Göring, Frick, von Ribbentrop et Hess.

On a soutenu devant le Tribunal que l’annexion de l’Autriche était justifiée par le profond désir exprimé dans de nombreux milieux d’une union de l’Autriche et de l’Allemagne ; que les deux peuples avaient beaucoup d’intérêts communs qui rendaient cette union souhaitable ; et enfin que ce but fut atteint sans effusion de sang.

Même si ces assertions sont exactes, les faits ne démontrent pas moins que les méthodes employées pour atteindre le but furent celles d’un agresseur. La Force armée allemande prête à entrer en jeu à la moindre résistance avait constitué le facteur décisif. Bien plus, il ne semble pas, d’après le compte rendu fait par Hossbach de la réunion du 5 novembre 1937, qu’aucune des considérations mises en avant ait été le mobile essentiel de l’action de Hitler, car on insista surtout à cette conférence sur le profit que devait tirer de cette annexion la puissance militaire de l’Allemagne.


L’OCCUPATION DE LA TCHÉCOSLOVAQUIE.

La conférence du 5 novembre 1937 montre clairement que l’occupation de la Tchécoslovaquie avait été décidée à l’avance, mais qu’il restait à choisir le moment le plus favorable à cette entreprise. Le 4 mars 1938, von Ribbentrop fit part à Keitel d’une proposition qui lui avait été faite par l’ambassadeur de Hongrie à Berlin, et qui tendait à faire étudier par les armées allemande et hongroise l’hypothèse d’une guerre éventuelle contre la Tchécoslovaquie.

Von Ribbentrop lui écrivit à cette occasion :

« J’ai des craintes quant à ces négociations. Au cas où nous devrions discuter avec la Hongrie l’hypothèse d’une guerre contre la Tchécoslovaquie, il serait à redouter que d’autres ne soient mis au courant. »

Le 11 mars 1938, Göring fit à M. Mastny, ministre de Tchécoslovaquie à Berlin, deux déclarations distinctes, l’assurant de ce que les événements actuels d’Autriche n’auraient aucune influence préjudiciable aux relations existant entre le Reich allemand et la Tchécoslovaquie, et il souligna l’effort continu et sincère fait par les Allemands pour améliorer ces relations. Le 12 mars, Göring demanda à M. Mastny de lui rendre visite et réitéra ces assurances.