Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une seule campagne. Il fallait terminer d’abord les fortifications occidentales. Il n’était pas possible d’atteindre le but proposé d’un seul coup ; il m’apparut clairement, dès le début, que je ne pouvais pas me contenter du territoire allemand des Sudètes. Ce n’était qu’une solution partielle. La décision fut alors prise d’entrer en Bohême. La création du Protectorat s’ensuivit et avec elle fut jetée une base d’opérations contre la Pologne, mais je ne voyais pas encore clairement à ce moment-là si je commencerais par l’Est pour continuer à l’Ouest, ou inversement… Jamais je n’ai organisé l’Armée pour qu’elle reste sur la défensive. La décision d’attaquer fut toujours en moi. Je voulais tôt ou tard résoudre ce problème et, pressé par les événements, j’ai décidé que l’Est serait attaqué en premier. »

Ce discours concernant les événements passés et affirmant une fois de plus que la volonté d’agression existait dès l’origine supprime tout doute possible quant au caractère des opérations entreprises contre l’Autriche et contre la Tchécoslovaquie et de la guerre faite à la Pologne.

Ces agressions furent en effet exécutées selon un plan qu’il y a lieu maintenant d’examiner de plus près.

Lors de la réunion du 23 novembre 1939, dont il vient d’être question, c’est le passé que Hitler considérait ; mais lors des conférences antérieures dont nous allons maintenant traiter, il se tournait vers l’avenir et révélait ses plans à son entourage. La comparaison est pleine d’enseignements.

Le lieutenant-colonel Hossbach, officier d’ordonnance personnel de Hitler, assistait à la réunion qui fut tenue à la Chancellerie du Reich à Berlin, le 5 novembre 1937 ; il rédigea à ce sujet une longue note qu’il data du 10 novembre 1937, et qu’il signa.

Étaient présents : Hitler, les accusés Göring, von Neurath et Raeder, respectivement en tant que Reichsmarschall, ministre du Reich pour les Affaires étrangères et Commandant en chef de la Marine, le général von Blomberg, ministre de la Guerre et le général von Fritsch, Commandant en chef de l’Armée.

Hitler commença par dire que le sujet de la conférence était d’une telle importance que, dans d’autres pays, il aurait été traité en Conseil de Cabinet. Il continua en déclarant que son discours avait pour objet d’exposer le résultat de ses réflexions approfondies et de l’expérience qu’il avait acquise pendant plus de quatre années passées au Gouvernement. Il demanda que les déclarations qu’il allait faire fussent considérées, s’il mourait, comme ses dernières volontés et son testament. Le thème principal du discours était le problème de l’espace vital et Hitler ne discuta de diverses solutions possibles que pour les écarter. Il en conclut qu’il était nécessaire de conquérir de « l’espace vital » dans le continent européen et s’exprima en ces termes :