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Dès le début du NSDAP, l’antisémitisme avait tenu une place importante dans le programme et la propagande du parti national-socialiste. Les Juifs, qui n’étaient d’ailleurs pas jugés dignes du titre de citoyens allemands, étaient tenus pour largement responsables des désordres dont avait souffert la nation à la suite de la guerre de 1914-1918. En outre, l’insistance que l’on mettait à souligner la supériorité de la race et du sang allemand augmentait l’antipathie ressentie à l’égard des Juifs.

Le deuxième chapitre du livre Ier de Mein Kampf est consacré à ce que l’on peut appeler la théorie de la « Race des seigneurs », c’est-à-dire la doctrine de la supériorité de la race aryenne sur toutes les autres et au droit qu’auraient les Allemands, en vertu de cette supériorité, de dominer les peuples et de s’en servir en vue de leurs propres intérêts. Après que les nazis furent arrivés au pouvoir en 1933, la persécution des Juifs fit partie de la politique officielle de l’État. Le 1er  avril 1933, le Cabinet nazi approuva le boycottage des entreprises juives et, dans les années qui suivirent, une série de lois antisémites furent votées pour limiter les activités des Juifs dans l’administration, les professions juridiques, le journalisme et l’armée.

En septembre 1935, on vota les lois appelées « lois de Nuremberg », dont le résultat le plus important fut d’enlever aux Juifs le titre de citoyens allemands. L’influence des éléments juifs dans les affaires allemandes fut ainsi éliminée et l’une des sources éventuelles d’opposition à la politique nazie se trouva tarie.

Il faut citer, parmi toutes les formes que revêtit la lutte contre l’opposition, le massacre du 30 juin 1934. Il reçut le nom d’« épuration Roehm » ou de « Bain de sang » et révéla les méthodes que Hitler et ses proches associés, notamment Göring, étaient prêts à employer pour écarter leurs adversaires et consolider leur propre pouvoir. Ce jour-là sur l’ordre de Hitler, Roehm, chef d’État-Major des SA depuis 1931, fut assassiné et la « Vieille Garde » des SA fut exécutée sans jugement et sans avertissement. On profita de l’occasion pour tuer un grand nombre des personnes qui avaient à un moment quelconque fait opposition à Hitler.

Le prétexte invoqué pour l’assassinat de Roehm fut que celui-ci avait fomenté un complot pour renverser Hitler, complot dont Göring, à tort ou à raison, a prétendu avoir eu connaissance.

Le 3 juillet, le Cabinet approuva la décision de Hitler en la qualifiant de mesure de « légitime défense de l’État ».

Hindenburg étant mort peu après, Hitler devint à la fois président et chancelier du Reich. Au cours du plébiscite qui suivit, trente millions d’Allemands approuvèrent, sous la pression nazie, cette double nomination et la Reichswehr ayant prêté serment de fidélité à Hitler, celui-ci détint désormais le pouvoir absolu.