Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ficiaire des plus sinistres forces qui ont menacé la paix de l’Europe. Durant la période comprise entre les deux guerres mondiales, la conduite de ces entreprises a été principalement assurée par l’accusé Krupp von Bohlen. De tout temps cependant, l’affaire a constitué une entreprise de la famille Krupp ; la femme de von Bohlen, Bertha Krupp, possédait à elle seule la majeure partie des actions. Aux environs de 1937, leur fils, Alfried Krupp devint le Directeur des usines, participa activement à l’élaboration des plans d’ensemble et ensuite à la direction effective de l’affaire.

En 1940, Krupp von Bohlen, qui prenait de l’âge, devint Président honoraire du Conseil d’administration, laissant ainsi la place de Président effectif à son fils Alfried.

En 1943, Alfried Krupp devint seul propriétaire des entreprises Krupp par suite d’un accord intervenu entre la famille et le gouvernement nazi, en vue d’assurer la continuité de l’affaire contrôlée par la famille Krupp. Il est évident que la menace que crée pour l’avenir ce consortium repose sur la continuité de la tradition que perpétue Alfried, actuellement interné par l’Armée britannique du Rhin.

Abandonner le cas de Krupp von Bohlen sans lui substituer Alfried, revient à abandonner le cas de la famille Krupp tout entière et met en échec tout jugement effectif contre les fabricants allemands d’armement. Que cela soit « dans l’intérêt de la Justice » ressort de la citation suivante qui ne fait usage que des éléments de preuve les plus significatifs se trouvant actuellement en la possession des États-Unis au sujet de l’activité de Krupp von Bohlen à laquelle son fils Alfried a, de tout temps, collaboré, ainsi que d’autres personnes associées dans cette vaste entreprise d’armement ou tous conspiraient à amener la seconde guerre mondiale et à aider à sa conduite brutale et illégale.

Après la première guerre mondiale, la famille Krupp et leurs associés ne se soumirent pas aux conventions du désarmement allemand, mais tous au contraire conspirèrent secrètement et sciemment à s’y soustraire.

Dans le numéro de la publication Krupp du 1er  mars 1940, l’accusé Krupp a déclaré : « J’avais le désir et le devoir en dépit de toute opposition, de maintenir l’affaire Krupp comme usine d’armement pour l’avenir, même si ce devait être sous une forme camouflée. Ce n’est que dans les milieux restreints et intimes que je pouvais expliquer les raisons véritables qui me faisaient entreprendre la transformation des usines consacrées à certaines branches de production… Les commissions de contrôle alliées furent elles-mêmes dupées… Après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler, j’eus la satisfaction de rendre compte au Führer que les usines Krupp étaient prêtes, après une courte période de démarrage, à