Et jusques à l’hymen qu’il eut à redouter,
Forcé mon désespoir de ne pas éclater ;
Mais enfin apprenant votre nouvelle flamme,
Il s’est avec horreur emparé de mon âme.
Résolu de vous perdre, elle a lu dans mes yeux
À quoi portoit mon bras un transport furieux,
Et quoi qu’elle ait osé, c’est sur ma seule tête
Que de votre courroux doit fondre la tempête,
Puisque me prévenant elle n’a que tenté
Ce qu’avec plein succès j’aurois exécuté.
Quoi,
Est-ce là m’en prouver le vertueux empire,
Et quand ma gloire avoue un illustre attentat,
La tienne a-t-elle droit d’en affaiblir l’éclat ?
Je t’aurois prévenu, toi dans la complaisance
M’ordonnoit une indigne et basse obéissance,
Et toujours trop fidèle à ton lâche Empereur
Tâchoit de son hymen à m’adoucir l’horreur ?
Je ne t’en blâme point, mais souffre à mon courage
D’un projet glorieux le parfoit avantage,
Et qu’avec tout l’éclat qui suivra ce grand jour,
Je meure digne encor d’emporter ton amour.
En vain pour attirer tout le crime sur elle,
Elle offre mes conseils pour garants de mon zèle.
S’ils étoient d’obéir, c’étoit pour m’assurer
La gloire d’une mort que j’avois su jurer ;
Mais d’un transport secret n’ayant pu me défendre,
L’effet vous montre assez qu’elle a bien su l’entendre,
Et si son entreprise a pu le prévenir,
En étant seul la cause, on m’en doit seul punir.
Ah, je l’avois bien vu qu’en cette âme inhumaine
Il falloit que l’amour appuyât tant de haine.
Ô criminelle ardeur, dont le honteux dessein