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Aux lueurs de la foudre, au bruit rauque des râles,
Aux rouges orients des jeunes libertés,
Se lèvent, arrachant leurs pierres sépulcrales,
Des féroces temps morts les sceptres irrités.
Dans la vieille cité livrée au droit qui tue
Et dans tout héros frappe une rébellion
Va surgir l’éternel airain de ta statue
Sur le sol affranchi par ta griffe, ô lion !

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Roi, le temps est ton trône, et les siècles tes pages.
Chaque aube est une jeune auréole à ton front.
Servi par des esprits, dont tes chants sont les gages,
Tu régneras encor dans les jours qui suivront.
Tous les sceptres seront tombés devant ta lyre,
Et tout le vieil Olympe, et les Césars romains !
Ta pourpre ne craint point de fer qui la déchire :
Son tissu n’est point fait par de mortelles mains.