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duellement sans écraser la chair, ce qui arrive surtout avec la clef de la porte de la rue, ou le piton.

Quand vous enlevez une assiette sale à un des convives, et que vous voyez que le couteau et la fourchette sales sont sur l’assiette, montrez votre dextérité : enlevez l’assiette, et rejetez le couteau et la fourchette sur la table, sans faire tomber les os ou les restes de viande qu’on y a laissés ; alors le convive, qui a plus de temps que vous, essuiera la fourchette et le couteau qui ont déjà servi.

Quand vous portez à boire à une personne qui l’a demandé, ne lui tapez pas sur l’épaule, et ne lui criez pas : Monsieur, ou Madame, voici le verre ! cela serait de mauvaise compagnie, on croirait que vous voulez entonner de force votre boisson dans le gosier ; maintenez-vous à l’épaule gauche de la personne, et attendez son loisir ; et si elle la renverse du coude par oubli, c’est sa faute, et non la vôtre.

Quand votre maîtresse vous envoie chercher une voiture de place un jour de pluie, revenez dans la voiture pour épargner vos habits et vous éviter la peine de marcher ; il vaut mieux que le bas de ses jupes soit crotté par vos souliers sales, que de gâter votre livrée et d’attraper un rhume.

Il n’est pas d’humiliation aussi grande pour un homme dans votre position que d’éclairer votre maître dans les rues avec une lanterne : c’est pourquoi il est de très-bonne politique d’user de toute espèce d’artifices pour l’éviter ; d’ailleurs, cela