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mières que vous troquiez au cabaret voisin contre de l’ale ou de l’eau-de-vie.

Quand on envoie un message à votre maître, soyez aimable pour le camarade qui l’apporte ; faites-lui boire du meilleur que vous ayez en garde, pour l’honneur de votre maître ; et, à la première occasion, il vous rendra la pareille.

Après souper, s’il fait nuit, emportez votre argenterie et votre porcelaine dans le même panier pour épargner la chandelle, car vous connaissez assez bien votre office pour les ranger dans l’obscurité.

Quand on attend du monde à dîner ou en soirée, soyez sûr d’être dehors, afin qu’on ne puisse rien avoir de ce que vous avez sous clef ; par là votre maître épargnera sa cave, et n’usera pas son argenterie.

J’arrive ici à une partie très-importante de votre service : la mise en bouteille d’une pièce de vin, où je recommande trois vertus, propreté, frugalité et fraternité. Que vos bouchons soient le plus longs possible, ce qui épargnera du vin dans chaque goulot : quant à vos bouteilles, choisissez les plus petites que vous pourrez trouver, ce qui augmentera le nombre des douzaines, et fera plaisir à votre maître ; car une bouteille de vin est toujours une bouteille de vin, qu’elle tienne plus ou moins ; et si votre maître a son nombre voulu de douzaines, il ne peut pas se plaindre.

Chaque bouteille doit d’abord être rincée avec du vin, de peur qu’on n’ait laissé de la moisissure en la