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vous avez la chance d’avoir pour vous chaque jour la meilleure partie d’une bouteille de vin, car vous devez supposer que des gens comme il faut ne se préoccuperont pas du reste de la bouteille ; c’est pourquoi mettez-en toujours une fraîche devant eux, après dîner, quoiqu’ils n’aient pas bu plus d’un verre de l’autre.

Ayez particulièrement soin que vos bouteilles ne soient pas moisies avant de les emplir ; pour ce faire, soufflez avec force dans chaque goulot, et si vous ne sentez que votre haleine, emplissez immédiatement.

Si l’on vous fait descendre en hâte pour tirer n’importe quel liquide, et que vous voyiez qu’il ne coule pas, ne vous donnez pas la peine de faire un trou de fausset, mais soufflez avec force dans la cannelle, et vous verrez immédiatement le liquide vous couler dans la bouche, ou bien retirez le fausset. Mais ne perdez pas votre temps à le remettre, de peur que votre maître n’ait besoin de vous.

Si vous êtes curieux de goûter quelques-unes des bouteilles de choix de votre maître, videz-en au-dessous du goulot autant qu’il en faudra pour faire la quantité dont vous avez besoin ; mais alors ayez soin de les remplir d’eau propre, afin que votre maître n’ait pas moins de liquide.

Il y a une excellente invention, trouvée depuis peu d’années, pour le maniement de l’ale et de la petite bière au buffet : par exemple, un convive demande un verre d’ale et n’en boit que la moitié ;