Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des bonbons, pour qu’ils ne fassent pas de rapports à papa et à maman.

Je conseille à vous autres dont le maître vit à la campagne et qui attendez des profits, de toujours vous mettre sur deux lignes lorsqu’un étranger s’en va, de façon à ce qu’il soit forcé de passer entre vous. Il faudra qu’il ait plus d’assurance ou moins d’argent que d’habitude, si aucun de vous le laisse échapper ; et selon qu’il se conduit, souvenez-vous de le traiter la prochaine fois qu’il vient.

Si l’on vous donne de l’argent pour acheter quelque chose dans une boutique, et que vous ne vous trouviez pas en fonds à ce moment-là, dépensez l’argent pour vous et prenez la marchandise à crédit. C’est pour l’honneur de votre maison et le vôtre ; car un crédit lui est ouvert, et c’est à votre recommandation.

Quand votre maîtresse vous fait appeler dans sa chambre pour vous donner quelque ordre, ne manquez pas de rester à la porte et de la tenir ouverte, jouant avec la serrure tout le temps qu’elle vous parle, et gardez le bouton dans votre main de peur d’oublier de fermer la porte après vous.

Si votre maître ou maîtresse se trouve une fois dans leur vie vous accuser à tort, vous êtes un heureux domestique ; car vous n’avez plus rien à faire, chaque fois que vous commettrez une faute dans votre service, que de leur rappeler cette fausse accusation et de vous jurer également innocent dans le cas présent.